Chez EasyHotel, le premier hôte c’est Stelios

Le fondateur d’EasyJet ouvre un deuxième hôtel low-cost en Suisse, à Zurich. Rencontre.

Il a beau être milliardaire, Stelios Haji-Ioannou préfère s’offrir une chambre d’hôtel à 50 francs. Mardi soir, le fondateur d’EasyJet était le premier client du nouvel EasyHotel de Zurich, dans le Kreis 4, proche de la gare et du quartier «chaud» de la Langstrasse. «Je n’offre aucun service que je n’ai pas testé personnellement! Je trouve normal, par exemple, de faire la queue comme tout le monde pour prendre l’avion», explique celui que tout le monde appelle tout simplement Stelios.

La simplicité, le volubile «serial» entrepreneur d’origine grecque en a fait sa fortune. Les six EasyHotel de Suisse, Londres et Budapest fonctionnent sur le même principe que la compagnie aérienne low-cost. Les réservations se font uniquement par internet et les premiers servis ne débourseront que 50 francs pour une chambre double. Pour les autres, les tarifs peuvent parfois prendre l’ascenseur, comme c’est le cas avec EasyJet.

Billet Easyjet et autre compagnie Low Cost


A Genève, puis Lausanne

Pour ce prix, aucun superflu dans l’établissement 1 étoile, aux tonalités orange et grise:

33 chambres doubles, d’une surface de 12 à 17 m2, une minuscule salle de bains en forme de cabine avec douche et WC, des crochets pour suspendre les habits, des fenêtres – ce n’est pas le cas de toutes les chambres de l’établissement de Bâle –, une petite télévision à écran plat, un accès internet dans la chambre moyennant une taxe de 5 francs par heure et un personnel réduit à 4 personnes.

«Bien sûr, nous ne sommes pas les seuls à être bon marché, note Stelios Haji-Ioannou. Mais EasyHotel offre une marque connue, un standard de qualité constant et un emplacement en plein cœur des villes.» A noter que l’homme d’affaires, qui projette la création de soixante hôtels d’ici à trois ans en Europe, au Moyen-Orient et en Inde, ne gère pas lui-même la branche hôtelière d’EasyGroup. Elle fonctionne via un système de franchise, détenue en Suisse par Philipp Fink.

«A Bâle, le taux de remplissage varie entre 70 et 80%, une proportion qui pourrait s’élever à 90% à Zurich. Plus de la moitié de nos clients sont des Suisses», explique cet ancien journaliste, plutôt satisfait de sa reconversion.

Avec des chiffres noirs dès la deuxième année d’exploitation – pour un investissement de 50?000 à 70?000 francs par chambre – l’affaire est très rentable. Seul hic: le manque d’emplacements. A Zurich, l’immeuble a été cédé par le canton. «La ville manque d’offres de cette catégorie», note Franck Bumann, directeur de Zurich Tourisme.

Prochaines cibles: Genève, qu’EasyHotel convoite depuis longtemps, puis Lausanne. «Si tout va bien, la prochaine ouverture pourrait avoir lieu dans six mois», confie Philipp Fink, qui entend être présent dans toutes les grandes villes helvétiques.

Quant à Stelios Haji-Ioannou, il vole déjà vers d’autres cieux. Car si en 2000 il a mis en Bourse EasyJet, dont il reste le principal actionnaire avec plus de 40% des parts, il s’occupe aujourd’hui de «l’extension de la marque».

EasyOffice vise les start-up

A savoir des cafés internet, de la location de voiture, des salles de cinéma, des pizzerias, des montres ou une société de croisières, soit 17 activités, toutes estampillées «Easy».

Sa dernière trouvaille, lancée la semaine dernière à Londres: EasyOffice loue des bureaux à de jeunes entrepreneurs démarrant leur start-up.

Toutes ces activités ne connaissent pas forcément un grand succès, reconnaît-il: «Je suis un entrepreneur et cela implique une prise de risques. Mais chaque erreur se mue en leçon.»