En hiver, de plus en plus de Suisses préfèrent la plage


Les tour-opérateurs helvétiques se frottent les mains. La demande de voyages au soleil explose.

Le couple sacré que forment les Suisses et le ski tend à se briser. En hiver, les vacanciers préfèrent en effet de plus en plus la plage à la montagne. «En considérant l’évolution de nos ventes dans cette période de l’année, les chiffres publiés par l’Office fédéral de la statistique et ceux de Suisse Tourisme, nous devons admettre une nette augmentation de la demande de séjours au chaud», relève le porte-parole du voyagiste Kuoni Suisse,
Peter Brun.

Depuis novembre, un enneigement abondant et de qualité paraît pourtant garanti dans nos montagnes jusqu’à la mi-janvier. La centrale de réservation pour les vacances en Suisse (STC   www.stc.ch) prévoit une hausse de 40% des réservations du 15 décembre au 15 janvier, par rapport à la même période un an plus tôt. Malgré tout, rien ne semble pouvoir inverser la
tendance.

Soleil infaillible

TUI Suisse annonce une progression d’un cinquième de son chiffre d’affaires en cet hiver 2007-2008 par rapport au précédent. Hotelplan évoque aussi une croissance à deux chiffres pour cette même période. Dans toute la branche, l’offre hivernale se concentre avant tout sur l’Egypte, la Thaïlande, les Caraïbes et les Maldives. Des lieux où la météo s’avère infaillible.

«En hiver, nous constatons une augmentation du nombre de personnes attirées par la mer et exigeant un niveau de qualité élevé», indique Peter Brun.

Des chiffres récents confirment en plus le goût des Suisses pour la chaleur à la maison. Comparaison: les nuitées en hôtel de ces clients indigènes ont augmenté de 4,7% lors de l’été 2006, puis de 1,3% un an plus tard, contre une stagnation
absolue au cours de l’hiver 2005-2006, puis 0,9% le suivant.

Malgré ces chiffres, quelques données démentent tout de même une désertion imminente des stations de ski helvétiques par les habitants du pays. «Leurs nuitées hivernales en Suisse ont crû d’environ 11% au cours des dix dernières années», note la porte-parole de Suisse Tourisme, Véronique Kanel.

Quoi qu’il en soit, des facteurs décisifs pèsent sur un improbable essor des sports d’hiver: notamment les prix de plus en plus avantageux des vacances balnéaires hivernales et une diversification de l’offre des tour-opérateurs, favorisant une demande de plus en plus versatile.

La fin de la croissance

Des contraintes économiques obligent en outre les établissements scolaires à restreindre les classes de neige. Fin 2004, l’association des exploitants de remontées mécaniques déplorait déjà une réduction de 5% de ces séjours inoubliables au cours des dix dernières années. L’encouragement de la pratique du ski est donc pénalisé, alors que, justement, le nombre de familles constituées de parents sans expérience de sports d’hiver augmente.

Pour conjurer le sort,
Remontées mécaniques suisses, accompagnées de plusieurs partenaires comme Suisse Tourisme, ont créé la communauté d’in-térêts «Neige». Celle-ci met notamment à disposition une plate-forme de réservation sur le web pour faciliter l’organisation de camps de ski.

Les experts s’empressent néanmoins de dissiper les illusions. «Il faut se préparer à la fin des objectifs de croissance dans les sports d’hiver», prévient ainsi depuis trois ans Hansruedi Müller, professeur à l’Institut de recherche sur les loisirs et le tourisme de l’Université de Berne.